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« Pour faire une deuxième formation dans l’agriculture, il faut être sûr de soi. »

Il y a dix ans, Sergio Poletti, maçon de formation, a décidé de se lancer dans une deuxième formation pour devenir agriculteur CFC. Sa passion ? L’agriculture – et la race Brune suisse.

Il y a dix ans, Sergio Poletti, maçon de formation, a décidé de se lancer dans une deuxième formation pour devenir agriculteur CFC. Sa passion ? L’agriculture – et la race Brune suisse.

A Erstfeld, dans le canton d’Uri, la ferme de la famille Poletti se situe à 640 m d’altitude, entre les sommets du Bälmeten, du Bristen et du Brunnistock. Il y a cinq ans, Sergio ­Poletti a repris l’exploitation de ses beaux-parents. Avec sa femme, Sonja, ils ont intensifié l’exploitation, agrandi la surface de pâturage de 12 à 24 ha et sont passés de l’élevage allaitant à celui de bétail laitier : « C’est parce que je suis passionné par la race Brune », explique le jeune homme de 31 ans pour justifier cette décision plutôt inhabituelle. Même si la production laitière prend beaucoup de temps, Sergio travaille parallèlement à temps partiel. Il parcourt fièrement son étable, qu’il a fait transformer en 2017. Seize vaches plongent leurs museaux dans le foin avec délice. Elles produisent en moyenne 7500 l de lait. La salle de traite, elle aussi flambant neuve, permet de traire quatre vaches en même temps. Le lait cru est collecté par la coopérative des producteurs de lait de Suisse centrale (ZMP) et transformé en lait de consommation. En été, lorsque les animaux sont à l’alpage dans le val Maderan, leur lait est aussi transformé en lait d’alpage, en yogourts et en beurre. « Les produits sont notamment vendus au magasin LANDI Uri »,explique Sonja. Sergio est actionnaire de la LANDI et s’y procure presque tous les produits nécessaires à ses activités agricoles quotidiennes.

Sergio Poletti
«  L’expérience de vie est un atout pour devenir agriculteur en deuxième voie de formation.  »

L’agriculture comme deuxième métier
Même s’il n’est pas né dans une famille de paysans, Sergio a toujours su qu’il deviendrait un jour agriculteur : « J’ai eu la chance d’épouser une femme qui avait une ferme », sourit-il malicieusement. Sonja explique qu’à 50 ans, son père, qui avait dirigé l’exploitation familiale pendant des décennies, a eu l’opportunité de reprendre la direction de la fiduciaire Urner Agro. « Ça tombait au bon moment, Sergio venait tout juste de terminer sa deuxième formation. » Comme beaucoup d’autres dans le canton d’Uri, Sergio a suivi sa formation d’agriculteur en formation professionnelle de rattrapage. Pour pouvoir réaliser cette formation en cours d’emploi, il faut déjà être titulaire d’un certificat fédéral de capacité (CFC), avoir au moins 22 ans et pouvoir attester d’une activité agricole pratique d’au moins un an à plein temps. Pour la période de formation répartie sur trois ans, il est également nécessaire d’établir un contrat de collaboration entre l’exploitation de base (entreprise formatrice appartenant à un réseau) et un maître d’apprentissage (entreprise principale). Pendant la formation, il est possible d’exercer son premier métier à 50 % maximum. « Parfois, je me dis que ça n’aurait pas été si mal de travailler dans d’autres exploitations, comme c’est le cas pour les apprentissages d’agriculteur con­ventionnels », admet Sergio. « D’un autre côté, on est un peu plus mûr à 22 ans qu’à 16 ans. On n’entreprend une deuxième formation de ce type que si l’on est sûr de soi. » L’expérience de vie compte aussi pour beaucoup. 

Un rêve ? Pouvoir vivre de l’agriculture
Bien que l’agriculture soit sa passion, Sergio doit continuer à exercer une activité annexe. Sonja travaille elle aussi à temps partiel comme enseignante d’école primaire. Il explique :« Dans le canton d’Uri, les exploitations étant petites, on est presque obligé d’exercer une activité annexe. Pas pour survivre, mais pour pouvoir investir dans l’exploitation. » Il travaille presque tous les jours sur les chantiers en tant que maçon, pour un taux d’occupation moyen de 40 % par semaine. Le salaire horaire apporte l’appoint nécessaire aux projets dont rêvent l’agriculteur et sa femme : « Nous aimerions agrandir l’exploitation de manière à pouvoir vivre entièrement de l’agriculture. » Ils pourraient aussi envisager de combiner leur exploitation de base avec un alpage. Par ailleurs, Sergio a un autre projet qui lui tient à cœur : l’élevage de la race Brune. Il conserve déjà du jeune bétail pour la remonte. Actuellement, il a dix veaux. « A l’avenir, j’aimerais vendre mes propres vaches de race Brune. Je suis fasciné par ces animaux », dit-il en caressant gentiment Bonita, sa vache préférée.

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