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Story 4 minutes

Est-il indispensable de proposer des fraises en mars ?

On trouve à nouveau des asperges et des baies dans les étalages des magasins.

Bruno Brühwiler de Volg et Samuel Wyssenbach de fenaco Produits du sol expliquent pourquoi le commerce de détail propose aussi des produits qui ne sont pas de saison.

Pourquoi proposer des produits venant de l’étranger dans les étals ?
Bruno Brühwiler : D’une manière générale, Volg propose un assortiment couvrant les besoins courants des consommatrices et consommateurs. Les fraises et les asperges font partie des produits qui sont demandés actuellement. Après la saison hivernale, nos clientes et clients se réjouissent de l’arrivée du printemps et des fruits et légumes de saison.

Samuel Wyssenbach : L’offre est définie par la demande. Nous ne voulons pas imposer à notre clientèle ce qu’elle doit manger.

Il est donc impensable de se limiter aux produits indigènes.
Samuel Wyssenbach :  Prenons l’exemple de la banane. Les consommatrices et les consommateurs en sont friands. Or, ce fruit ne pousse pas chez nous. Nous n’avons dès lors pas d’autre choix que de l’importer. Nous sommes même équipés d’une installation de maturation. Les importations de produits qui ne sont pas cultivés chez nous sont en somme des importations « obligatoires ». Par contre, chez nous, la plupart des importations sont des « importations complémentaires ». Elles nous permettent d’assurer que les produits demandés par les consommateurs·trices et qui ne sont pas cultivés en Suisse pour diverses raisons soient disponibles.

Bruno Brühwiler : Conformément à la philosophie promue par Volg, nos magasins accordent la priorité aux produits suisses. Le marché national est par ailleurs bien protégé par les taxes douanières. Evidemment, nous devons parfois aussi faire des compromis. C’est par exemple le cas lorsque les pommes de terre indigènes sont petites et ridées. Nous constatons que les clientes et clients veulent des pommes de terre d’une certaine taille et ayant un aspect appétissant. Lorsque nous ne sommes pas en mesure de proposer de telles pommes de terre, les clientes et clients les achètent dans d’autres magasins ou chez d’autres distributeurs à l’étranger. Ils ne viennent alors plus chez nous. Les produits locaux répondent toutefois à une réelle demande de la clientèle. Aussi les avons-nous inclus dans notre label « Délices du village ». Cela permet aux magasins Volg de proposer des produits du village ou d’un village voisin dans leur assortiment. Notre clientèle apprécie beaucoup cette approche car elle connaît souvent les productrices et producteurs.

Bruno Brühwiler, Responsable Achats Produits frais chez Volg
« Nous sommes le seul commerçant de détail proposant plus de 85 % de produits suisses dans son assortiment. »

A quoi êtes-vous attentifs lorsque vous achetez des produits importés ?
Bruno Brühwiler : Depuis plusieurs années, nous collaborons avec le même importateur suisse. Des audits réguliers nous ont permis d’apprécier leur assurance qualité et leur monitoring des produits phytosanitaires. En plus de cela, les importateurs doivent respecter les standards européens et suisses des associations de branche.

Samuel Wyssenbach : Dans la mesure du possible, les fruits, les légumes et les pommes de terre que nous importons proviennent des pays voisins ou d’autres pays européens. Nous n’importons des marchandises venant de plus loin que lorsque ces dernières ne sont pas disponibles en Europe.

Comment prolonger la saison indigène ?
Samuel Wyssenbach : Le développement et la mise en œuvre de techniques de culture innovantes et le développement de nouvelles variétés nous permettent de prolonger la saison pour certains produits. Tous les acteurs de la branche collaborent pour que de telles innovations puissent voir le jour. La demande des client·es pour des produits suisses et les aspects écologiques décident si un produit est cultivé ou non sur une saison prolongée.

Bruno Brühwiler : S’agissant de l’écologie, j’aime bien citer un exemple : les légumes importés d’Espagne, un pays chaud, ont une meilleure empreinte écologique que s’ils étaient cultivés en Suisse dans des serres chauffées avec des combustibles fossiles.

Samuel Wyssenbach, General Product Manager Fruits à noyau et responsable des achats chez fenaco Produits du sol
« Nous devons être capables d’assurer la disponibilité des produits demandés. »

Les produits importés sont-ils un dilemme pour vous ?
Samuel Wyssenbach : Les produits indigènes représentent plus de 90 % de notre chiffre d’affaires. Nous nous impliquons donc activement en faveur des productrices et des producteurs indigènes. Partout où cela est nécessaire, nous complétons notre offre avec des produits introuvables sur le marché suisse. Grâce à notre engagement dans le domaine des importations et à notre collaboration étroite avec le commerce de détail, nous gérons très bien la transition entre la saison d’importation et la phase où l’offre indigène suffit. Cela nous permet de contrôler précisément la quantité et la qualité et d’adapter ces deux facteurs à la demande.

Bruno Brühwiler : Même s’il nous arrive de devoir importer certains produits, nous sommes le seul commerçant de détail à même de proposer plus de 75 % de produits suisses et plus de 85 % de produits frais au sein de son assortiment global. Pour plusieurs viandes fraîches comme le poulet, ce pourcentage atteint 100 %. S’agissant des produits laitiers, la part des produits suisses est de 99,9 %. Nous nous efforçons aussi constamment de remplacer les produits importés par des produits indigènes. Récemment, nous avons ainsi remplacé des pains à hamburger importés par un produit à base de farine suisse.

A quoi ressemblera l’assortiment dans les magasins dans dix ans ?
Samuel Wyssenbach : Une tendance s’est amorcée depuis longtemps : les con­sommatrices et les consommateurs achètent de plus en plus de produits d’origine végétale tout en réduisant leur consommation de viande. En plus de ­cela, la demande en produits cultivés ­selon des méthodes durables et à l’échelon régional augmente. Les labels « Délices du village » et « Naturellement de la ferme » en sont quelques exemples.

Bruno Brühwiler : C’est exact. Les con­sommatrices et les consommateurs se focalisent par ailleurs de plus en plus sur des produits qui sont bons pour la santé, et ils sont plus attentifs aux ingrédients et aux additifs. Ils souhaitent acheter des denrées alimentaires contenant moins d’émulsifiants, moins de sucre, moins de sel et plus de protéines. Jusqu’à un certain point, ils sont prêts à payer plus pour des produits sains.

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