Le baromètre ville-campagne de fenaco révèle une accentuation du fossé entre la ville et la campagne depuis la première enquête réalisée en 2021. Un tiers de la population considère que les différences entre la ville et la campagne sont pesantes pour notre pays. De moins en moins de personnes se sentent comprises par l’autre pôle. En revanche, la plupart des personnes interrogées se disent satisfaites de la qualité de vie dans leur commune. L’évolution est jugée particulièrement positive dans les communes qui affichent une croissance supérieure à la moyenne, bien que l’essor démographique est, dans l’ensemble, vu avec certaines critiques.
Pour mieux comprendre les rapports entre la ville et la campagne et favoriser le dialogue, fenaco société coopérative a lancé le baromètre représentatif ville-campagne de fenaco en 2021, en collaboration avec l’institut de recherche Sotomo. La troisième édition, réalisée en 2025, montre que le champ de tensions entre ville et campagne a évolué. Elle porte notamment sur la perception de la qualité de vie dans la commune de résidence et sur les conséquences de la croissance démographique.
Un antagonisme pesant pour la cohésion de la Suisse
Le champ de tensions entre ville et campagne s’est accentué. Près d’un tiers de la population considère que l’antagonisme entre la ville et la campagne est pesant pour la Suisse, contre un quart en 2021. Malgré une urbanisation perçue dans la plupart des communes, les Suissesses et les Suisses s’identifient de plus en plus aux régions rurales. La proportion de personnes qui s’identifient au pôle rural est passée de 25 % à 33 % depuis 2021. Seules environ un cinquième des personnes sondées se définissent encore comme citadines.
La population des villes et, surtout, la population rurale considèrent que l’autre pôle fait preuve d’une relative indifférence à son égard. Dans les villes de grande taille, la proportion de personnes estimant que leurs préoccupations sont suffisamment entendues à la campagne a baissé, passant de 37 % à 28 % depuis 2021. Dans les régions rurales, ce chiffre est passé de 30 % à seulement 16 %. « Ce sentiment de désintérêt croissant chez les deux parties menace la cohésion interne de la Suisse », analyse le directeur général de Sotomo, Michael Hermann. Michael Feitknecht, président de la Direction de fenaco, souligne : « Il est d’autant plus important que nous favorisions le dialogue, comblions le fossé entre les deux pôles grâce à des discussions personnelles et trouvions ensemble des compromis et des solutions. La coopération entre la population, la politique, l’économie et la science est un vrai plus de la Suisse. »
Une qualité de vie élevée, notamment dans les communes à forte croissance
Une large majorité des personnes sondées (86 %) jugent positive la qualité de vie dans leur commune de résidence. Près de la moitié d’entre elles constatent une amélioration de celle-ci au cours des dix dernières années. L’offre en matière de transports publics, d’écoles et de crèches est la plus appréciée. L’évolution de l’offre de logements dans les villes et de restaurants à la campagne fait, en revanche, l’objet de nombreuses critiques.
La qualité de vie est jugée particulièrement positive dans les communes ayant enregistré une croissance supérieure à la moyenne au cours des dix dernières années (progression de 10 % à 14 %). Plus de la moitié des habitantes et habitants de ces communes constatent une amélioration de leur qualité de vie. Dans les communes connaissant un déclin démographique, le bilan est à l’opposé : seuls 24 % constatent une amélioration.
L’offre de logements comme principal défi
Alors que les personnes sondées dans les communes en croissance jugent positive l’évolution de leur qualité de vie, la hausse démographique correspondante est très controversée : 48 % estiment qu’elle a des répercussions négatives sur leur commune, tandis que 39 % pensent le contraire. A la campagne, la part d’habitantes et habitants appréciant la croissance démographique dans leur commune est la plus importante, avec 43 %. « La population rurale est davantage consciente de l’importance de la croissance pour les communes de résidence », explique Michael Hermann. La pénurie de logements figure en première place des défis : 55 % des personnes sondées la considèrent comme tel, une proportion allant jusqu’à 75 % dans les grandes villes. Les embouteillages arrivent en deuxième position.
Une Suisse idéale à 8,3 millions de personnes
La croissance démographique globale en Suisse est nettement moins appréciée que dans les communes individuelles. Seuls 23 % des personnes interrogées estiment que l’essor démographique des dix dernières années a eu un effet positif sur le pays. Plus le lieu de résidence est rural, plus les critiques sont vives. Pour les Suissesses et les Suisses, la population optimale s’élève en moyenne à 8,3 millions de personnes, alors que nous sommes 9 millions actuellement. En même temps, les personnes sondées imaginent que la Suisse comptera 10,8 millions d’habitantes et d’habitants d’ici 2050 et s’attendent donc à une croissance dynamique durable.
Selon Michael Hermann, le sondage pointe pour la première fois une contradiction importante : « La croissance démographique rapide provoque principalement des réactions négatives. Néanmoins, la population constate une amélioration de la qualité de vie au quotidien, notamment dans les communes qui enregistrent une hausse démographique supérieure à la moyenne. »